Assassinat de Samuel Paty : 1 an apri?s, confidences d’eleves et professeurs

By khalid — In caribbeancupid connexion — October 19, 2022

Assassinat de Samuel Paty : 1 an apri?s, confidences d’eleves et professeurs

Face a ses eleves, Florence a craque.

Justine venait de parler des caricatures de Charlie Hebdo en classe la veille. Soraya, musulmane et enseignante, s’est sentie attaquee en salle des professeurs. Shaima regrette le silence de ses enseignants. Pour France 24, des eleves et des professeurs ont accepte de raconter De quelle fai§on l’assassinat de Samuel Paty, depuis un an, les a affectes.

Notre 16 octobre 2020, le professeur d’histoire-geographie Samuel Paty, 47 ans, etait poignarde puis decapite pres de le college a Conflans-Sainte-Honorine via Abdoullakh Anzorov, 1 refugie russe d’origine tchetchene, abattu apres les faits par la police. Le jeune homme de 18 annees, radicalise, reprochait a l’enseignant d’avoir montre en classe des caricatures de Mahomet, au cadre d’un file sur la liberte d’expression.

Notre tueur avait retourne connaissance du contenu de cette heure de file par une video diffusee sur Internet, et dont l’auteur, Brahim Chnina, reste le pere d’une collegienne. L’adolescente, visee avec une exclusion pour indiscipline, avait menti a son pere : votre derniere avait certain avoir ete sanctionnee pour s’etre elevee contre la demande de Samuel Paty faite aux eleves musulmans, d’apri?s cette dernii?re, de se signaler lors de votre file.

Un an prochainement, France 24 donne la parole a des enseignants et des eleves, marques via cette attaque terroriste contre 1 professeur, puis avec des suites de cette affaire et son traitement en agences scolaires.

Florence*, professeure d’histoire geographie au lycee : “On est nombreux a avoir craque devant des eleves”

Au moment ou Samuel Paty reste assassine, Florence se degote a J’ai terrasse d’un cafe, a Paris, ou elle est venue assister a une conference. J’ai trentenaire ne travaille jamais votre jour-la, veille des vacances d’une Toussaint. “En apprenant ce qui s’est passe, j’ai decide volontairement de ne pas lire des journaux parce que ca m’a profondement affectee. Litteralement, j’ai cru que j’allais m’effondrer”.

“J’ai commande le train pour rentrer chez moi”, poursuit-elle. “A Paris, d’anciens collegues me disaient qu’ils allaient manifester avec des enseignants, qui se sont rassembles, deux jours apres la mort de Samuel Paty, place en Republique. J’aurais aime etre Parisienne, ca m’aurait fait du bien de partager i§a avec eux”. A defaut, en pleines vacances scolaires, Florence se trouve seule, 2 semaines durant, sans pouvoir en parler avec des collegues. “Je suis restee au doute, avec des directives ma hierarchie tres fluctuantes. Je me demandais comment on allait gerer ca a la rentree, s’il y allait avoir un temps de recueillement…”, regrette ce professeur d’histoire geographie dans un lycee de l’academie de Nantes.

Des individus se rassemblent dans l’espace en Republique a Paris, le 18 octobre 2020, en hommage au professeur d’histoire Samuel Paty, deux jours apres sa fond. © AFP

Lorsque le ministere de l’Education annonce qu’une minute de silence aura lieu a la rentree, y compris dans les ecoles primaires, une telle mere de famille crois immediatement a ses deux gamin de 7 et 8 ans qu’elle souhaite preserver. “Un prof d’histoire geo – comme leur maman – fut assassine dans des conditions atroces”, rappelle-t-elle. “La violence de ce qui s’est passe m’a profondement choquee. On entendait ca en Irak ou en Syrie, mais gui?re en France. Couper la tete de quelqu’un avec un couteau de boucher, c’est horrible.” Florence, qui coupe radio et television tel a le habitude quand ses fils sont presents, prefere leur expliquer ce qui s’est passe avec ses propres mots, “plutot qu’ils debarquent dans la cour a la rentree et que ca leur tombe dessus”. “J’ai aussi ecrit a leurs enseignantes pour les prevenir et elles ont ete exceptionnelles. Je me souviens que l’institutrice de CP du gamin m’a appelee d’emblee pendant les vacances pour me rassurer avec telephone”.

Puis la rentree arrive avec son lot d’incertitudes liees au contexte sanitaire de l’epoque. En octobre 2020, la France vit un pic de deces lies a la pandemie de Covid-19, et le protocole sanitaire en etablissements scolaires ne permettra jamais d’envisager de reunir l’ensemble des eleves Afin de un moment de recueillement. Dans le lycee de Florence, la direction demande a chaque professeur d’organiser une minute de silence dans sa salle de classe a 11 heures. “On reste nombreux a avoir craque devant nos eleves. Moi je n’ai jamais reussi a lire la lettre de Jean Jaures aux instituteurs en entier. J’me suis mise a pleurer. Un de mes eleves de terminale s’est leve. Il a lu le texte a ma place jusqu’a la fin, sans que je ne reclame rien”.

A ce moment-la, l’enseignante se sent incapable d’en faire plus, ni d’y consacrer un lei§ons d’une heure. “J’etais encore trop dans l’emotion et je n’arrivais jamais a prendre une distance. On a envoye devant des eleves un groupe caribbeancupid comment ca marche d’adultes completement traumatises par ce qui c’etait passe, sans meme se dire qu’il fallait d’abord s’occuper d’eux, avant de s’occuper des eleves.” Decue, Florence attendait de sa hierarchie l’organisation d’une heure banalisee, durant laquelle les professeurs auraient pu ne serait-ce qu’echanger entre eux, pour “digerer la nouvelle”. “J’ai eu le sentiment que les gens ne prenaient pas la mesure des choses”, repete-t-elle.

Notre professeure d’histoire geographie a deja montre des caricatures de Charlie Hebdo a ses eleves, “au moment des attentats de Charlie [en janvier 2015], car on avait demande aux profs ma discipline d’expliquer des evenements aux eleves. Et tout s’est bien passe”, raconte-t-elle sans regrets. “Des caricatures, on en utilise bien moyen en histoire geographie. Notre document n’est gui?re juste une image qu’on colle Afin de valider 1 propos. C’est un objet d’etude qu’on apprend a decortiquer, a saisir et a critiquer. Quand on se censure c’est fini, votre n’est plus la peine d’etre professeur”.

Encore aujourd’hui, l’enseignante se dit “marquee” et regrette que le ministere de l’Education ait annonce des hommages en classe a Samuel Paty “a J’ai derniere minute”, “sans preparation”, car i  sa place “bien commemorer est essentiel”. “Emotionnellement, ca n’est nullement digere i  mon sens et la facon dont les choses se reproduisent a nouveau me pose des questions sur l’institution pour laquelle je travaille”, conclut-elle.